De l’énigme de Gérone aux veilleurs ultra humains

08/04/2017 00:43

Les Juifs d’Espagne étaient déjà habitués aux persécutions puisque nous savons que, lorsque les Almohades firent la conquête de Cordoue en 1149, ils obligèrent les Fils d’Israël à choisir entre la conversion, la mort et l’exil !

Lorsque l’on pense à la Kabbale en Espagne, un nom vient immédiatement à l’esprit : Gérone.

Dans cette pittoresque et très vieille cité, la rue de la Force, dans l’ancien quartier juif, une synagogue porte le nom d’Isaac l’Aveugle, fils de Rabbi Abraham ben David de Posquières, fameux magistrat et grande autorité rabbinique. La ville a vu également naître en 1194, Moïse ben Nachman (Nachmanide, Ramban), connu également sous le nom de Gerondi, penseur, exégète, médecin et curieux des sciences profanes. Il fut Grand rabbin en Catalogne pendant de nombreuses années, mais abandonna son poste à la suite d’une dispute religieuse. Il fut exilé pendant deux ans par le roi d’Aragon, Dom Jaime. On lui doit « Pérouche al ha-Torah », « Ha-Emouva we-ha-Bittahone ». Sa controverse religieuse avec l’apostat juif Pablo Christiani, nous a laissé un ouvrage intitulé « Wikouah ».

Au XIII e siècle, Gérone abritait une importante communauté juive, la seconde d’Espagne après Barcelone. Comme toutes les communautés juives d’Espagne à cette époque, celle de Gérone était protégée par la Couronne en contrepartie d’une aide économique.

Cette situation était insupportable pour l’Inquisition et les émules espagnoles de Torquemada.

Le 31 mars 1492, les Rois Catholiques rayèrent d’un trait de plume six cents ans de présence juive  en Espagne, en signant le décret d’expulsion des Juifs de tout le territoire. Les Kabbalistes prirent le chemin de l’exil.

Après le bannissement, l’école de Gérone disparut. Ses grands penseurs ne la fécondaient plus.

Fort curieusement, en ce début du troisième millénaire, la vieille synagogue d’Isaac l’Aveugle a retrouvé vie, ressuscitée par une association qui, depuis une dizaine d’année, a entrepris de fouiller cet ancien site sacré abandonné depuis plus de cinq siècles. Des découvertes surprenantes  ont été faites en son sein, notamment celle d’un modelage en creux d’un corps humain, précieusement préservé du temps dans un des niveaux inférieurs des fondations. Des chandeliers à sept ou neuf branches, des étoiles de David furent retrouvés dans les décombres.

L’Etat d’Israël a reconnu comme élément fondamental de l’histoire et de l’identité juive la ville de Gérone, en lui décernant le titre de Ville Mère d’Israël.

Si beaucoup savent que le relais de la Kabbale proprement judaïque sera pris au XVI e siècle par le centre théologique de Safed en Galilée, nombreux sont ceux qui oublient totalement que cette dernière a connu des jours glorieux en Provence, où elle a rayonné dans différentes villes : Lunel en particulier. Moshé Ha-Kohen est d’ailleurs né dans cette ville au XII e siècle. Il fut l’auteur des critiques sur la Mischna Torah ; il est souvent cité par Ran et Rivache dans leurs écrits.

Moshé Ha-Darchane, né à Narbonne au XI e siècle, était le fils d’un talmudiste et enseignant, un des plus anciens érudits du sud de la France dont les travaux font encore autorité.

Menahem ben Chelomo Ha-Meîri (Meïri), né en Provence en 1249 et décédé à Perpignan en 1316, était rationaliste. Il rejeta l’existence des démons, l’efficacité des amulettes, l’astrologie et les superstitions. On lui doit un ouvrage essentiel, le « Bè ha-Behira », commentaire de 37 traités de la Guémara.

Nous évoquions, à propos du Pech de Bugarach, des « Veilleurs Humains » qui protégeraient  un dépôt sacré. Nous avons la certitude que toute la région qui entoure cette étrange montagne est placée sous la vigilance d’une société « discrète » résidant à Alet les Bains. La présence de Kabbalistes en son sein n’est pas à rejeter.  En ce qui concerne ces «  Ultra Humains » qui défendraient un héritage venu d’un autre temps, nous sommes persuadés que des gens bien informés n’en ignorent pas la présence !

Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©

 

Photos :

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L’omphalos de Bugarach collection Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé