Les Indes Noires et le royaume souterrain

23/02/2016 17:24

Avant d’aborder ce sujet crucial, revoyons-le résumé des Indes noires.

Ce récit se déroule dans les houillères d’Aberfoyle dans le comté de Stirling en Ecosses, comme nous l’avons dit. James Starr, ingénieur et président des la société des antiquaires est convié à se rendre aux houillères d’Aberfoyle, fosse Dochard et puits Yarow dans son ancienne mine Dochart à une invitation secrète faisant suite à une première lettre anonyme pour une communication de nature à l’intéresser, c’est une seconde lettre contradictoire et toujours sans signature qui invite l’ingénieur  à finalement ne plus se déranger, celle-ci va plutôt attiser sa curiosité et décider James Starr à se rendre à la mine  d’Aberfoyle dont les gisements taris furent abandonnés depuis longtemps. On apprend dès les premières pages qu’une grande partie de la communauté qui y travaillait  s’y est installée pour y vivre.

C’est Henry Ford qui attendra James sur le quai de la gare, puis après avoir quitté Calander et traversé à pieds les pâturages de la basse Ecosse qui mènent aux mines de houillère d’Aberfoyle, de la basse Ecosse qui conduit aux houillères. Ils arrivent une heure plus tard à la fosse Dochart au puits Yarow. La transition va être fulgurante. Des vertes prairies, les héros vont se retrouver au fonds du puits où ils rencontreront Simon Ford, l’ancien contremaître de l’usine et un étrange personnage Jack Ryan un joueur de cornemuse. Souvenons-nous que l’Ecosse possède une tradition musicale très riche. La musique écossaise utilise une gamme à cinq tons (pentatonique) et des instruments celtiques qui comme les cornemuses transmettent de siècle en siècle l’âme et la mémoire des Anciens.

James Starr est alors guidé dans un obscur dédale de galerie « semblable à une nef de cathédrale » .

Cette aventure va conduire l’ingénieur à participer à une expérience menée par Simon Ford qui pense avoir découvert la preuve d’un nouveau gisement carbonifère  dans les bas fonds de la mine, là où ils vont dynamiter une paroi de schiste et découvrir une sombre cavité par laquelle ils vont s’introduire.

Ici, l’écrivain nous décrira « cette excavation se composant de plusieurs centaines d’alvéoles, de toutes formes et de toutes grandeurs. On eut dit une ruche, avec ses nombreux étages  de cellules, capricieusement disposées, mais une ruche construite sur une vaste échelle, et qui, au lieu d’abeilles, eut suffit à loger tous les ichtyosaures, les mégathériums et les ptérodactyles de l’époque géologique ! Un labyrinthe de galeries, les unes plus élevées que les plus hautes voûtes des cathédrales, les autres semblables à des contre nefs, rétrécies et tortueuses, celles-ci suivant la ligne horizontale, celles-là remontant ou descendant obliquement en toutes directions, --réunissaient ces cavités et laissait libre communication entre elles (les Indes noires, chapitre IX)

Par deux fois Jules verne fait allusion aux fameuses cathédrales qui furent construites à l’intérieur de certaines galeries de montagnes notamment dans le Verdon…

Plus précis, il ajoute : (…que le gisement de cette excavation se développait sur une étendue de quarante milles du nord au sud et qu’il s’enfonçait même sous le canal du nord. Puis poursuivant ajoute : (…on aurait pu croire à la découverte d’une exploitation abandonnée depuis des siècles, mais qu’il n’en était rien : » Nul hypogée de l’époque égyptienne, nulle catacombe n’auraient pu être comparées-si ce n’est les célèbres grottes de mammouths, qui sur une longueur de plus de vingt milles, comptent deux cent vingt six avenues, onze lacs, sept rivières, huit cataractes, trente deux puits insondables et cinquante sept dômes, dont quelques uns sont suspendus à plus de quatre cent cinquante pieds de hauteur. Ainsi ces grottes, la nouvelle Aberfoyle était, non l’œuvre des hommes, mais l’œuvre du créateur.)—Les Indes noires, chapitre IX).

Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©
Illustration graphique Christophe Villa-Mélé