Magie en Crète

17/12/2016 17:24

En 1941, 32 000 soldats britanniques, 15 000 de l’armée grecque et autant de partisans crétois occupaient l’île, et avaient eu parfaitement le temps de se préparer à une invasion qu’ils pensaient voir arriver de la mer. Une grande partie de la flotte anglaise veillait  dans les parages de la Crète, gardant ce point stratégique de la Méditerranée.

A l’aube du 18 mai 1941, une flotte de trimoteurs Junker 52 apparut dans le ciel de l’île. De nombreux avions remorquaient de lourds planeurs remplis d’hommes et de matériel. Les défenseurs considérèrent cette attaque comme une opération suicide. Ils ignoraient que la flotte d’invasion comptait 23 464 soldats allemands et 3 000 italiens. La totalité fut parachutée ou atterrit en planeurs, ce qui excluait tout apport initial d’engins blindés et d’artillerie lourde. Les Allemands avaient pour chef le général Student, créateur de leurs unités de parachutistes, et les troupes alliées étaient placées sous le commandement du général Freyberg.

Les premières vagues de parachutistes larguées au-dessus de l’île eurent jusqu’à 80% de perte. Une semaine après l’offensive, les combats prirent fin. Les Allemands avaient laissé sur le terrain 2 000 morts, 1 800 disparus et 1 500 blessés.

Le chiffre des pertes traumatisa l’état-major allemand qui, malgré le succès final de l’opération, n’en tenta jamais plus de cette envergure par la suite..

Au sein des rescapés se trouvaient des membres de l’Ahnenerbe, organisation fondée en 1933 et rattaché à la SS en 1935. L’Ahnenerbe ( » Héritage des Ancêtres «) était dirigée par le Pr. Wurst, assisté de Wolfran Silvers. Le but de ce groupe était de moderniser et de compléter les hypothèses racistes des siècles précédents. La préhistoire et la géopolitique devenaient les bases d’une philosophie nouvelle. Son action était intimement liée à celle de la Weltanschauung (la conception du monde). L’Ahnenerbe attachait une importance capitale aux fouilles archéologiques, qui avaient été entreprises en Crète, par Evans, dans les ruines de Cnossos.

On le sait, c’est en se fondant sur les récits d’Homère que l’archéologue avait entrepris ses travaux. Ils devaient révéler aux historiens les éléments les plus importants de la civilisation crétoise, dans laquelle certains voient une des dernières héritières de l’Atlantide.  

REVELATIONS ARCHEOLOGIQUES

Quelques semaines après l’arrivée du général Student sur le sol de la Crète, Sir Arthur John Evans s’éteignait à Londres, à l’âge de 90 ans. Ce grand savant avait retrouvé la civilisation minoenne sous les ruines de l’ancienne Cnossos. C’est en s’appuyant sur les textes du célèbre poète épique grec qu’Evans affronta le mépris et les railleries du monde scientifique, pour mener à bien ses travaux. Lentement au fur et à mesure de ses découvertes, des êtres considérés jusqu’alors comme mythologiques, se matérialisaient et, surgis des brumes du passé, prenaient forme et consistance.

Les fouilles de John Evans firent reculer l’histoire de la civilisation dans cette partie de l’Europe de plus de deux millénaires, obligeant tous les historiens à réviser toutes leurs thèses.

La Crète n’a pas eu de grand sanctuaire public ni de temple, comme la civilisation hellénique. Le culte était célébré soit dans des grottes réservées à la divinité soit dans des enclos consacrés, soit à l’intérieur des palais ou des maisons.

A l’époque néolithique, les grottes ont servi d’habitat. Au Minoen Ancien et au début du Minoen Moyen, certaines d’entre elles ont été utilisées pour l’ensevelissement des morts.

Les Crétois attachaient une très grande importance à la magie naturelle des lieux sacrés. Leurs grottes culturelles étaient choisies avec soin, en fonction de leur ambiance. On a constaté que c’était seulement celles ornées de concrétions calcaires, stalactites ou stalagmites, affectant des formes animales ou humaines, qui attiraient leur intérêt.

Ces simulacres étranges, ces fétiches pétrifiés apparaissaient à leurs yeux comme une manifestation de la divinité. Les prêtres de l’Antiquité voyaient dans ces formes la concrétisation des grands archétypes telluriques ou cosmiques.

BRIOMARTIS OU VIERGE NOIRE ?

En  Crète, on vénérait une déesse de la fécondité et de la nature, qui régnait sur la Terre-Mère. Les idoles primitives la représentent  nue, avec de gros seins et des hanches larges. Plus tard, la régente, la "  douce vierge ", sera toujours vêtue. Elle prendra le nom de Briomartis et, comme dans la religion catholique, elle sera à la fois vierge et mère. Il semble impossible de parler de zoolâtrie en Crète, car tous les animaux divinisés ou sacrés étaient destinés aux sacrifices. Ils étaient les représentants des attributs divins, on les vénérait rarement.

En Crète comme en Egypte, l’étude du symbolisme nous révèle un savoir ésotérique profond, lié à une connaissance universelle, aujourd’hui partiellement perdue sinon effacée.

 

Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©

 

Image d’illustration :

Dyktynna
ericwedwards.wordpress.com