Nerval et la reine de Saba

15/01/2016 09:59

C’est en s’inspirant du recueil de nouvelles intitulé « Voyage en Orient » de Nerval, que Charles Gounod écrivit son opéra maçonnique « La Reine de Saba ». Les rituels maçonniques sont tenus « secrets » par les Maçons qui se refusent à les divulguer. Tous sont structurés comme des psychodrames et porteurs de légendes.

Curieusement La première apparition importante dans l’histoire maçonnique de la cérémonie ésotérique d’installation des Maîtres de Loges se produisit au moment du grand schisme anglais de 1753. Le rituel d’installation a pour fond principal l’histoire de la Mer d’Airain, fragment majeur du livret de l’opéra de Gounod, derrière lequel se profile l’ombre du malheureux Gérard de Nerval !

La phrase ultime tracée sur l’humble petit carnet du poète était :

« Il me semble que je suis mort et que j’accomplis une deuxième vie »

L’acacia lui était connu !    

Gérard la brunie et la reine de Saba , un curieux conte oriental :
des silences de la bible  au Kebra Nagast

Les amours de Salomon et de la reine de Saba sont résumées en quelques lignes dans l’Ancien Testament. Les Éthiopiens qui sont des gens à l’imagination fertile, qui adorent le fantastique. Ils ont rédigé un ouvrage nommé “ La Gloire des Rois “, ou Kebra Nagast.

Ce livre,  travail des grands prêtres tente surtout à prouver la légitimité de la dynastie. C’est une sorte de grande  bande dessinée constituée de peintures sur toile. Cette longue fresque raconte le roman d’amour de Salomon et de la reine de Saba, fille du héros qui délivra le pays de son premier suzerain, le dragon Wainaha. On y découvre que Makeda figure parmi les passades d’un noble vieillard qui eut 700 princesses pour femmes et 300 concubines et que la légendaire sagesse de celui-ci se doublait de ruse. La veille du départ de la reine, Salomon donna un festin au cours duquel il fit servir des plats très épicés, et il fit promettre à son invitée, qu’elle ne prendrait rien qui lui appartint. Au cours de la nuit, Makefa eut l’imprudence de se lever pour étancher sa soif..., et Salomon survint dans toute sa gloire.

Neuf mois plus tard naquit Ménélik, le premier empereur de la dynastie Salomonide. La reine de Saba envoya son fils à Jérusalem pour qu’il grandisse en force et en sagesse auprès de son père

Son retour au pays a donné lieu à de nombreux commentaires. Selon certain, le jeune homme vola l’Arche d’alliance dans le Temple et la rapporta en Ethiopie.  Plus vraisemblable et plus conforme à la dignité  qui va de pair avec la légitimité paraît être l’hypothèse d’un voyage triomphal, puisqu’il est dit dans les bandes dessinées  que les lévites et un représentant des tribus d’Israël était de la partie. Rien ne nous interdit de supposer, ce que n’excluent pas certains érudits juifs, qu’il y ait eu des copies de l’Arche sainte et que Ménélik en ait rapporté une dans son pays. Quoiqu’il en ait été, la référence à Jérusalem se révéla capitale à tous les moments de l’histoire de ce fabuleux pays.

Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©

Photos de la collection de Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©