De Rennes-le-Château à Saint Sulpice

06/09/2015 18:56

« Lorsque la légende est plus belle que l’histoire…on garde la légende. »
(Précepte majeur de l’historien).

Considérée pendant des lustres comme l’une des églises les plus laides de Paris parce que l’une des plus massives, un livre, pour ne pas dire une « bombe », a redonné à Saint Sulpice un attrait nouveau pour de nombreux  « mécréants » ! Depuis l’apparition en 2003 du best-seller de Dan Brown : Da Vinci Code, ce saint lieu accueille 200 000 visiteurs  de plus chaque année ! Venus de tous les continents, perturbant messes et cérémonies. Ce derniers, portant le roman de Brown sous le bras, faute d’une Bible, tentent de retrouver les mystères cachés au sein de l’église ! C’est le gnomon qui en particulier attire toute leur attention. Cet instrument  est-il vraiment mystérieux ? Sans doute non, mais quand même tentons de remonter le temps et essayons de percer les origines de sa présence.       

Un curieux méridien

Au cours de la seconde partie du XVIIe siècle des astronomes dont Adrien Azout, soutenus par Jean-Baptiste Colbert alors surintendant des Bâtiments de Louis XIV, décident de faire édifier l’observatoire de paris, situé faubourg Saint-Jacques.

Le 21 juin 1667, jour du solstice d’été, les astronomes et topographes se mettent à l’œuvre. Les quatre frères Cassini sont présents : Jean Dominique Cassini dit Cassini 1er , Jacques dit Cassini II, César François Cassini de Thury (qui dressera les cartes du royaume de France, Jean-Dominique Comte de Cassini (qui déterminera  les schémas topographiques de l’état français, l’abbé Jean Picard qui calculera la valeur d’un arc méridien entre Paris et Amiens, le scientifique  Boemer et Christian Huygens (expérimentateur et théoricien qui donna un large développement à l’usage des mathématiques (il découvrit entre autre les anneaux de Saturne et le satellite de Titan). Cette élite se verra confier la responsabilité de matérialiser le Méridien (méridienne de Paris, en partant de Dunkerque et en traversant par un curieux hasard, ce qui va faire plaisir aux passionnés du trésor de l’abbé saunière, la région de Rennes le Château, en effleurant la pique grosse du pech de Bugarach, pour finir au Prat de Mollot qui constitue le dernier point du méridien situé en Espagne. Les astronomes prendront en compte l’ancien tracé du méridien « 0 » de l’observatoire de Greenwich.

En consultant d’anciens documents, on constate aujourd’hui, que ce tracé de couleur rouge qui, s’étire sur les cartes va également tutoyer l’île de Hierro situé à l’ouest de l’archipel des Canaries. Selon certains ce parcours connu entre autre sous le nom de Rose ligne aurait une connexité alchimique…           

l’observatoire de Paris     

Les plans de l’observatoire de paris sont dus à l’œuvre du docteur Claude Perrault, le frère du célèbre poète Charles Perrault dont les contes, qui semblent écrits pour de gentils enfants, renferment un double sens d’un grande portée initiatique. Les deux frères dit-on auraient appartenu aux  Chevaliers Errants, une loge de tradition plus hermétique que maçonnique. Forts discrets ces initiés transmettaient leurs connaissances en parcourant la France à la manière d’une Loge itinérante.

L’ensemble des fondations de l’observatoire seront basées sur le fameux nombre d’or (1,61803399), qui servira à la construction de la plupart des édifices de la capitale. Curieusement cet observatoire sera érigé sur d’anciennes carrières. Ce dernier possède un puits zénithal de 27 mètres donnant accès à une cavité souterraine découverte intacte et dans laquelle se trouve une Vierge Noire « Notre-Dame de Soubsterre », sainte protectrice qui autrefois était invoqué par les carriers.

En aparté : vierges noires et magnétisme : la théorie de Brück

En 1860, Brück publia un ouvrage sur le magnétisme et son influence sur la marche de l’humanité ;

Le système de Brück peut être résumé en 3 ou 4 propositions :

1° Le Soleil développe une influence magnétique à l’endroit de la surface de la Terre où passe la ligne des centres des deux astres, d’où naît une circulation magnétique autour  de la planète.

2° Cette circulation magnétique exerce une influence prépondérante sur les êtres vivants et, par conséquent les agit.

3° Elle subit une périodicité que l’astronomie permet de calculer et amène une périodicité semblable dans l’activité des êtres vivants et, par conséquent, dans la marche des civilisations.

4° Brück détermina que cette périodicité était de cinq cent seize ans. En appliquant à l’Histoire cette loi quinqua séculaire, il calcula qu’un système magnétique parti de l’Inde, avait passé successivement par Babylone, Jérusalem, Athènes, Rome et Paris.

Tous les cinq cents ans, un  de ces peuples  était devenu dominant et, grâce à sa situation magnétique, s’était trouvé à la tête de la civilisation. Et tous les cinq cents ans, à partir de dates différentes, chaque peuple passait par des phases brillantes. Le mathématicien Lagrange établit la chronologie littérale de la Bible. Il découvrit que la loi quinqua séculaire trouvée par Brück concordait de manière parfaite avec les grands événements décrits dans l’Ancien Testament.

Pour de très nombreux historiens qui se sont intéressés à l’influence magnétique sur la marche de l’humanité, il existerait d’autres grands cycles  cosmiques qui influenceraient la marche des civilisations et modèleraient leur avenir. Il n’y a aucun mystère dans ces manifestations, mais seulement une action  physique du Géon qui agit  sur le psychisme humain. Les radiations telluriques ont une influence marquante sur la santé et le comportement des individus. Nous vivons à la surface d’une énorme masse de matière inorganique : le Terre. Celle-ci nous polarise physiquement et spirituellement. De cette façon, on peut expliquer la succession des différents types de religions, qui tour à tour ont été inspirées aux prophètes et acceptées par les grandes organisations humaines.

Les anciennes races n’ignoraient rien de ce jeu subtil de la création. Elles savaient canaliser les effluves telluriques et utiliser à des fins scientifiques  ces ondes naturelles. Les Chevaliers Errants ne méconnaissaient sans doute rien de ce secret ! Leur Sainte Ligne Rouge indiquera peut-être un jour prochain, le retour d’un influx sur notre pays !

Du puits zénithal a l’église saint Sulpice

Le méridien matérialisé sur le sol de l’observatoire poursuivra sa course et pénétrera ans l’église Saint-Sulpice de Paris. A cette époque ce dernier semblait prendre vie comme un repère luminescent grâce à l’astucieux stratagème d’un vitrail détruit durant les catastrophiques tempêtes qui se sont abattues sur la France durant les années 1980, et dans lequel un trou a été ménagé. Il permettait de voir la projection d’une marque lumineuse émanant du soleil et se déplaçant sur la ligne de cuivre en direction du gnomon au moment du solstice d’été, le 21 juin, dans la partie sud du transept. Cette Méridienne de Paris se trouve matérialisée par le bord droit de la colonne centrale qui se trouve représentée sur la fresque Héliodore chassé du Temple, œuvre d’Eugène Delacroix.

Ce fut l’horloger Henri de Sully qui commença en 1727, une méridienne intérieur horizontale et verticale pour résoudre les problèmes de l’heure à Paris. Il mourut le 13 octobre 1728 sans avoir pu la terminer.

En 1743, l’astronome Charles Le Monnier l’a reprise et transformée, pour résoudre des problèmes d’astronomie et, plus particulièrement, celui de la diminution de l’obliquité de l’écliptique… 

Saint Sulpice une église aux origines controversées

Sachons garder raison et tentons de découvrir les véritables origines de ce saint lieu. Certains prétendent  que cette église fut autrefois bâtie sur les ruines d’un temple païen, fondée en 556 et achevée en 568 par Childebert Premier. Celle-ci porta  successivement les noms de Sainte-Croix, Saint Vincent et de Saint-Germain.

A qui doit-on son actuelle appellation ? Très certainement à Saint-Sulpice le Pieux. Cet évêque de Bourges (647) qui fut un des plus grands prélats de la Gaule antique. Au moins 150 paroisses, en France, en Belgique et en Suisse l’honorent comme Saint Patron preuve évidente du rayonnement de l’abbaye Saint Sulpice de Bourges.

A sa mort, le saint fut inhumé dans une petite chapelle de la forêt de Lancôme (dépendant de Vandoeuvres). C’est toujours un lieu de pèlerinage où le saint est honoré, le 27 août de chaque année. Ce n’est pas un hasard, en effet cette date évoque celle de la translation de reliques qui eut lieu le 27 août 1518, de Bourges à paris, en l’église Saint-Sulpice dépendant alors de l’abbaye de Saint-Germain des Près. M. Olier curé de cette paroisse de 1642 à 1657,  donna le nom de Saint-Sulpice à la compagnie des prêtres qu’il institua pour la formation du clergé. Ajoutons un clin d’œil à tous nos amis passionnés par l’obsédante date du 17 janvier qui revient comme une obsession dans la troublante affaire de Rennes le Château : Saint-Sulpice a quitté notre vallée de douleurs, nous dit Gallia Christiania, le 17 janvier 644 !      

Polémiques

Les historiens et les archéologues ne sont pas d’accord entre eux quant à l’origine du premier édifice sur lequel fut implantée la nouvelle église. Ces derniers ont longuement discuté sur l’ancienneté plus ou moins grande des origines de Saint-Sulpice. Une pierre tombale, trouvée en 1724 dans les fouilles entreprises sur les lieux, a prouvé que dès les temps les plus reculés il existait en ce lieu un cimetière dépendant  d’une chapelle. On y édifia une église au XIIe et au XIVe  siècle ; elle fut agrandie d’une nef sous François Ier, et de trois chapelles en 1614. Si l’on réfléchit avec un peu d’attention à ces anciens édifices, rien ne nous interdit de penser qu’il existait à l’origine de ces derniers, une crypte qu’ils coiffaient. Symboliquement la crypte, c’est la grotte, or grotte vient du mot grec  kruptos, qui veut dire secret. Le sens détermine la fonction. Il s’agit en général d’une cavité, naturelle ou artificielle, creusée dans un rocher ou tout simplement dans le sol. Les réseaux calcaires de Paris se prêtaient fort bien à ce genre d’implantation. Les premiers hommes y enterrèrent leurs morts et sacralisèrent  ces lieux. La grotte est un lieu magique, véritable réceptacle d’énergies telluriques ; Dans cette « coupe », toutes les transmutations sont autorisées, tous les secrets, tous les mystères sont jalousement préservés. C’est  ici le creuset de la tradition primordiale.

La civilisation des troglodytes était matriarcale. Les hommes des cavernes rendaient déjà un culte à la Mère 

Les cultes primitifs se déroulaient dans des avens.  L’Evangile nous dit que Jésus initia ses disciples dans la Grotte des Enseignements, à Jérusalem. Le christianisme naissant s’organisa dans les catacombes de la Rome antique. Les fidèles se retrouvaient et communiaient en esprit  dans un milieu magnétisé dont l’influence magique était propre à faire naître un puissant égrégore ;

Cette coutume se perpétua jusqu’au XIIe siècle. Les premiers chrétiens de Lutèce, initiés par leurs frères romains la pratiquèrent.  Les catacombes de Paris nous le confirment. Alors, Robert Langdon, le héros du Da Vinci Code aurait dû s’intéresser à la crypte de Saint-Sulpice, même si le clergé nous affirme : « Circulez, il n’y a rien à voir ! »--Même si un ossuaire de cinq mille corps, de nobles figures y reposent…

un peu d’histoire

L’abbaye de Saint Germain des Près n’avait pas une bonne réputation, c’était une paroisse indévote et quasiment étouffée dans un bourg où l’augmentation de la population n’engageait pas à la prière dans un sanctuaire quasiment en ruines.

C’est en 1642 que le curé Jean Jacques Olier décida de faire édifier une nouvelle et superbe église. Sa proposition fut résolue dans une assemblée, tenue le 16 mars 1643 sous la présidence de Condé. Jacques Gamard (Maître des œuvres de la ville de Paris, architecte de l’église des Incurables, Saint-André des Arts et du portail latéral de Saint-Germain avait remis au prêtre trois plans. Le prélat en choisi un. Tout alla très vite. Le 20 février 1646 la première pierre de l’église nouvelle fut posée par la reine de France, Anne d’Autriche.

Au cours de l’année 1647, seuls les murs de la chapelle de la Vierge furent élevés. Ce monument fut pensé et conçu comme une cathédrale afin d’être en harmonie avec les appétences d’une paroisse prédominante.

En 1649, Gamard meurt. Leveau premier architecte du Roi continuera son œuvre et sera succédé par Guittard en 1670.

Il fallu 135 ans pour terminer cette imposante église !

Faute d’argent, les travaux furent interrompus une quarantaine d’années (1683-1720), des documents datant de 1683 font état de 500 000 livres de dettes accumulées au cours de sa construction. Un procès lui fera suite et la décision sera prise de bloquer le chantier en 1714. Jean-Jacques Olier fera diffuser un appel de fonds. Ces derniers arriveront assez conséquents et l’église sera enfin inaugurée le 30 juin 1745.

En 1762 un incendie d’origine criminel détruira toute la partie orientale et la fresque de Lemoyne. En 1770, le feu du ciel s’abattra sur la façade et détruira le fronton.

Ce ne sera qu’en 1780 que la tour nord sera achevée par l’architecte Chalgrin. La Révolution ne lui permit pas de  reprendre les travaux de la tour méridionale. De là quelque chose de bizarre et de mal venu semble troubler la situation respective de ces sœurs jumelles et dissemblables. Autour de la nef et du chœur  se dressent vingt et une chapelles qui sont toutes vouées à des martyrs.  La chapelle des Saints Anges était nommée autrefois la chapelle des Agonisants. Elle fut décorée de 1850 à 1861 par Eugène Delacroix  que certains chercheurs donnent pour être le fils de Charles Maurice de Talleyrand Périgord, prince de Bénévent, surnommé le Diable Boiteux, qui fut très lié au Grand Orient de France.

Si certains voient dans Saint-Sulpice un haut lieu codé, ce n’est certainement pas la Sainte Ligne Rouge qui les guidera vers la vérité. Celle-ci se dissimule dans certains tableaux et le chercheur de véritables trésors devra user d’ingéniosité pour remonter aux sources du savoir caché.

Nous pouvons dire que c’est avec regret que nous constatons  que certains décors peints sont en mauvais état structurel et se sont très vite fragilisés par le manque de savoir faire des artistes du 19ème siècle. Ces derniers ont souhaité remettre au goût du jour l’art et la technique de la fresque, sans en posséder réellement la maîtrise et les secrets opératifs. ---« Aucune solution satisfaisante n’a encore été trouvée pour sauver ces peintures », nous répondait la Mairie de Paris à la suite de notre courrier n° 1005443 du 09 mai 2001 à propos des dégradations des fresques de Saint-Sulpice que nous avions signalées à Monsieur le Maire.

NOTA : Les visiteurs curieux et amateurs d’art se devront de visiter les chapelles de la nef et du chœur, décorées par des maîtres célèbres. Cet ensemble forme un riche musée de peintures religieuses. Delacroix nous a légué deux pages murales et un plafond, empreints de son immense génie :

 Le Triomphe de Saint-Michel (photo de couverture de l'article), Héliodore battu de verges, la Lutte de Jacob et de l’Ange. Ces trois œuvres méritent une étude approfondie et la recherche du symbolisme que chacune d’elle recèle. Viennent ensuite  en déambulant circulairement jusqu’à la chapelle de la Vierge, des chapelles décorées par  Heim, Abel de Pujol, Vinchon, Signol, Jobbé-Duval, Mottez, Timbal, Lenepveu ; puis au-delà de la chapelle de la Vierge, en revenant vers le portail, les chapelles ornées par Matout, Charles Landelle, Pichon, Glaize, Guillemot, Drolling, Alexandre Hesse et Lafon. Certaines de ces toiles méritent d’être fouillées car elles dissimulent souvent des symboles et des allégories qui ont échappé à l’œil vigilant de Robert Langdon !

        

 

Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©

Photos de la collection de Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©