La première expérience du docteur Haycox

10/09/2016 10:46

Le docteur Haycox commença ses expériences quelques années avant la deuxième guerre mondiale, en pratiquant l’hypnose. Ce fut la mort de l’une de ses patientes, Maud Brycroft, qui l’engagea à tenter la première. Le docteur fut appelé au lit de mort de Maud en mai 1947 et comme il travaillait à l’époque à la construction d’un « cœur artificiel », il prit avec lui son appareil.

Le cœur de Maud avait complètement cessé de battre. Le stade de l’agonie était nettement dépassé : à l’approche de la mort, la pupille se dilate ; or les pupilles de Miss Brycroft, au moment où le docteur Haycox les examina, avaient déjà repris leur taille normale. Maud était morte et bien morte. Et pourtant le docteur Haycox n’abandonna pas tout espoir. C’est que les taches bleu-rouge caractéristique de la mort, n’avaient pas encore apparu sur son visage. En toute hâte, le médecin monta son appareil dont il enfonça quatre électrodes dans les muscles cardiaques de sa défunte cliente.           

Un faible courant électrique devait provoquer  les mouvements que le cœur seul n’était pas capable de fournir. Les appareils du docteur enregistrèrent les premières pulsations après une demi-minute environ. Le coeur s’arrêta de nouveau, puis reprit son fonctionnement plus régulièrement. Huit heures passèrent ainsi. Le docteur grillait cigarette sur cigarette avec une impatience fébrile. Huit heures et douze minutes exactement après le début  de l’expérience, la « morte » entrouvrit les paupières un instant. Bientôt sa voix se faisait entendre très faiblement d’abord…Le miracle s’était produit. La gratitude n’étant pas l’apanage des hommes (ni des femmes) ; le docteur eut tout loisir de s’en rendre compte quand miss Brycroft lui posa la première question :

« Pourquoi suis-je donc revenue ? » lui demanda-t-elle d’un air désabusé.

« Revenue d’où ? Interrogea le docteur.

La femme se mit à parler de façon hésitante d’abord :

« Il y avait beaucoup de lumière et des couleurs qui étaient comme une musique. J’étais portée par des ondes de ces couleurs devenues musique. Je ressentais un inexprimable impression de bien être, de délices. Tout semblait léger et sans forme. Je n’éprouvais ni frayeur, ni douleur. Je me trouvais par-dessus toutes choses, je les dominais et les voyais en toute clarté. Tout au long, il y avait un point plus lumineux encore, par lequel je me sentais attirée. Puis, j’ai dû refaire le chemin en sens inverse. Ce fut un effort pénible et douloureux. Pourquoi, pourquoi ne m’avez-vous pas laissé où j’étais ? »

Miss Maud Brycroft mourut trois jours après sa « résurrection » et repartit pour ce monde de lumière et de couleurs envahit de musique, dont le docteur Haycox l’avait ramenée.

Comme l’a écrit Richard Bach : « Ce que la chenille appelle la fin du monde, le Maître l’appelle le papillon.

 

Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©

Illustration par Christophe Villa-Mélé©