Le symbolisme de la crêche

20/12/2016 09:33

Intimement liée à la fête de la Nativité, la magie de Noël enchante les éternels enfants que nous sommes. Tous, nous subissons son envoûtement dans un univers qui n'est plus celui des hommes mais déjà celui des anges. Ce monde merveilleux et plein de charme dissimule pourtant sous un tulle fin,  un enseignement ésotérique profond  une sorte d'emprunte décalque dans l'inconscient collectif les reflets d'un savoir oublié.       
Si nous puisons aux sources du symbolisme, nous nous rendons immédiatement compte que Noël est une solennité mal christianisée.
Historiquement, lorsque Jésus naît, Rome est à l'apogée de sa gloire. Ses légions occupent la moitié des terres du monde connu d'alors. Elles ont écrasé la civilisation celte et étouffé la grande morale de l'Occident, représentée par les hiérarchies druidiques.
De la Mer du Nord à la Méditerranée, de la connaissance se meurt. Son agonie passe inaperçue, totalement masquée par les fêtes dédiées aux différentes divinités d'un polythéisme rayonnant. Certains censeurs les taxent d'orgies païennes, ignorant délibérément  que le paganisme est toujours quelque chose de pur et de grand, lié à la véritable religion de Gaéa : la Terre. 
Dans un décor à la Pétrone, tout va être consumé  en silence, lorsqu'un Collège d'initiés que nous nommerons les CHRISTOPHORS, c'est-à-dire les porteurs de la Lumière "inventent" le Christ. Pour supplanter le dérèglement des mœurs  et remédier à la perte de la sagesse sacrée, ils dynamisent la pensée sur une doctrine et ouvrent d'un seul coup les portes du sanctuaire secret, du Saint des Saints;
Un homme appelé Jésus  est né une nuit d'octobre ou de novembre de l'an 5 ou 7 avant notre ère; c'est lui qui révélera aux hommes, ses frères, la divinité humaine dans une humanité divine. A la naissance de celui qui va devenir le Christ, une seule secte était encore puissante, les adorateurs de Mithra, qui vénéraient le Soleil comme l'avait fait avant eux, Aménophis IV, pharaon de la XVIIIe dynastie.  
Dans tout l'Empire Romain, ce culte solaire aux cérémonies mystérieuses s'était répandu, importé par les légions guerrières. Il comprenait deux grandes fêtes; l'une à la date du solstice d'hiver, l'autre à celle du solstice d'été, que l'on situait respectivement  au 24 décembre et au 24 juin (vénération du feu cosmique). Le 24 décembre, les adorateurs de Mithra célébraient le Sol Invictus, le Soleil Invincible.
Levons le voile et constatons que Jésus  naît à minuit, au plus profond des ténèbres, dans la nuit la plus longue de l'année, au cœur de l'hiver, lorsque tout semble voué à la mort.           
C'est dans l'obscurité, au sein de la "Terre Mère", dans une grotte (cet archétype est troublant) que l'Homme-Dieu apparaît. Chez les peuples primitifs ou dits tels, la Terre était la grande pourvoyeuse et la grande receleuse des forces vitales. A l'époque du néolithique, les grottes servirent d'habitat : de seconde matrice.
           
Santon avec un "S" comme symbolisme     

Chaque année, en Provence, on voit s'installer aux abords des places d'étranges éventaires colorés, abrités par des stands à l'allure de kermesses médiévales, c'est la Foire aux  santons.           
La très vieille coutume de construire des crèches a, comme l'érection de l'arbre de Noël, des côtés obscurs liés au culte païen. Cette tradition se comprend d'elle-même. Il s'agit en l'espèce de reconstituer le tableau de la naissance du Christ,  tableau évidemment transformé par les habitudes locales et sans aucun souci de vérité historique.           
A travers un léger nuage d'encens qui voudrait nous conduire tout droit en Palestine, vers la Terre Sainte, nous contemplons les aménagements des crèches de Noël, toujours les mêmes à travers les âges et toujours différents à travers l'espace. chaque région réinvente sa crèche cependant, aucune ne trahit lors de cette fête de la Nativité, le Grand Message de Lumière, qu'elle recompose spontanément, pour ne pas dire inconsciemment.        
C'est au XIIIe siècle, que les crèches  miniatures sont devenues traditionnelles chez les peuples catholiques. On assure que c'est saint François d'Assise, le "Petit Pauvre", qui aurait obtenu l'autorisation de créer la première crèche  dans un oratoire des Abruzzes, en l'an de grâce 1223. Et c'est lui encore qui aurait baptisé de santons les habitants de ce petit monde féérique.       
Dans notre bon pays, l'art des crèches et des santons  a vu le jour sous le mistral. Il se localisa assez vite autour de Marseille--et principalement à Aubagne.
Les provençaux expliquent cet enracinement par le fait que les santons sont une invention de chez eux. Dès 1775, un marseillais du nom de Laurent construisit une crèche dans laquelle était exprimé avec verve et bonhomie, la foi méridionale. Le pittoresque,  des personnages nés sous les mains adroites des modeleurs du midi, réside dans le fait que le peuple se reconnaît dans l'image du santon. Il y a projection ! Mais pénétrons ensemble, si vous le voulez bien, dans le jeu des images. Pour un instant oublions la foi du charbonnier et découvrons, les images et la vérité !
L'Evangile nous apprend que le Christ fut reconnu par les Rois Mages, guidés par une étoile. Ce symbole réel et profond  évoque l'ancienne astrologie détentrice des lois cycliques régissant l'évolution de la terre et de l'homme. A cette époque, il était "inscrit" dans le ciel que l'énergie d'En Haut devait s'incarner.    
Emboitons donc les pas de Melchior, Balthasar et gaspard, car trop peu nombreux sont ceux qui ont deviné qu'il existe un " logogriphe" sacré dans le langage de la crèche.
L'un est blanc, le second noir le troisième métis. Le premier offre l'or : la Vie, la Lumière; le second la myrrhe, symbole de mort et de ténèbres; alors que le troisième conciliant les deux dogmes occultes de la création, dépose aux pieds du Roi des Rois (c'est-à-dire l'homme), l'encens, image de l'éternité.
Les douze coups de minuit viennent de sonner. L'Enfant-Dieu repose entre Marie la Reine du Ciel et de la Terre et Joseph, "le Charpentier", l'Architecte  dont le nom inversé se rapproche de Sophia…la grande Sagesse.    
Les Bergers, ces Veilleurs venus d'Arcadie ont apporté l'agneau--l'AGNI-- le feu du cycle nouveau. Le bœuf et l'âne, le passif et l'actif (dont le nom grec est à lui seul une révélation) ruminent près du chameau (Dromas-Apollon) autre image du culte solaire.
La crèche est donc un microcosme qui nous permet de mieux concevoir le mystère de Noël.          

 

Guy Tarade et Christophe Villa-Mélé©

Infographie  Christophe Villa-Mélé